Hier, j’ai revu avec beaucoup d’émotions quelques scènes éparpillées cà et là sur Youtube de « Bad Girls, les condamnées ». Emotion parce que c’est la série à cause de laquelle j’ai pu coller un nom à mon orientation sexuelle : lesbienne en l’occurrence.
Je suis née dans un village. J’ai grandi à l’époque où il n’y avait qu’une seule télévision pour un quartier. Le propriétaire dictait la loi de son écran cathodique et pourtant, ma première relation sexuelle avec une femme, je l’ai expérimenté à 10 ans ( 😮 )! Je sais. C’est un peu tôt. Il faut un début à tout non ? La partie de jambes en l’air a duré 1 an. C’était ma cousine. Très éloignée dont je n’ai plus de nouvelle depuis. En fait l’initiation homosexuelle, pour le peu que je sais en Afrique, commence toujours (ou presque) par les proches.
Vous me direz on ne peut pas parler d’homosexualité à cet âge. Je suis parfaitement d’accord. Raison pour laquelle, en pleine incompréhension et sans référent, ma vie sexuelle et amoureuse a connu une longue période trouble. Je n’éprouvais qu’une attirance physique pour les hommes. Elle s’arrêtait à leurs corps d’éphèbes. A la limite, ils pouvaient se masturber devant moi. Certainement pas goûter au fruit défendu. J’avais comme une sainte horreur.
En 2005, ma vie se trouvera définitivement bouleversée. Je suis en terminale, dernière année de lycée. A cause des conditions familiales précaires, je fais partie des derniers inscrits. Je m’assieds donc où je peux dans ce collège privé. Ma voisine de banc est une fille quelconque. Des kg en plus, toujours penchée sur son cahier à compter les pièces de monnaie générées par le commerce illicite en salle de classe.
Celle derrière mon crâne est une belle gazelle. Le genre de féline qui silencieusement et irrémédiablement t’entraine vers ta chute. Et j’étais tombée, les 4 fers en l’air, sans aucun rempart. Elle aussi, heureusement.
Deux jours après mon arrivée, nous rentrions et arrivions ensemble. Au bout d’un mois, elle commençait une phrase et je l’achevais. Elle cuisinait mes mets préférés dans la maison de sa tante. Lorsque je ne pouvais me dérober à la vigilance de la mienne, elle me le ramenait le lendemain à l’école. Elle me faisait des crises si j’arrivais sans elle, si je passais ma pause avec une autre élève. Si j’avais de mauvaises notes tiens! Je dormais sur ses cuisses durant la pause. Elle me caressait et recoiffait les cheveux. L’école nous appelait siamoises. Au fond de nos yeux brillait une flamme sur laquelle je n’arrivais pas à mettre un nom. Instinctivement, je savais qu’il y avait un plus, qu’il devait y avoir un plus, un je ne sais quoi qui « parférerait » cette alchimie. Sans pour autant savoir QUOI.
Et puis un jour janvier 2005, de retour des classes, mon cerveau accéda au graal via le canal 15 de notre télévision, siège de la chaine RTL9, diffuseur devant l’Eternel cinq ans successivement de la série « Bad Girls, les Condamnées ». En résumé, la série racontait les aventures incroyables des détenues de l’aile G de la prison de Larkhall en Angleterre. Il y avait les condamnées et il y avait Nikki Wade, la belle brune aux cheveux courts qui tombera amoureuse de la gouverneure de l’aile G, Helen Stewart. Une femme hétérosexuelle sur le point de se marier qui laissera tout tomber pour vivre avec une Nikki.
Sapristi ! Madre de Dios ! P***** de m****. J’enchainai plus de jurons ce jour-là que je n’en ai jamais sorti de ma vie. Ce « genre » de relations existait donc. Je n’étais donc pas anormale. Ce fut comme une bouffée d’air. Comme la fin d’une quête. Enfin, pour la constitution du puzzle de ma vie sentimentale parce que la suite,… c’est la série de billets qui suivront celui-ci.
Pour les curieuses (et curieux), voici un extrait de la série. C’est l’épisode qui a complètement changé ma vision des choses.
PS : Il ne s’est jamais rien passé avec ma camarade de classe. Même pas un baiser. On s’est revues quelques années plus tard et jusqu’à présent, nos sentiments n’ont jamais changé. Elle sait que j’aime les femmes et je respecte son amour pour son mari et son foyer.
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