Découvrir mon orientation sexuelle en 2005, c’était une libération. Je n’étais pas aussi anormale après tout mais surtout que je n’étais pas seule ! Il ne me restait donc plus qu’à choisir parmi les “notres” une avec qui vivre une histoire d’amour à la Nicki et Helen et me couler des jours tranquilles. A l’époque, j’ignorais que l’homosexualité était criminalisée dans mon pays comme dans 37 autres de mon continent. Autant vous dire que la tâche ne fut pas aisée. Je suis lesbienne et je drague, que le billet commence.
J’ai commencé par les sites de rencontre, à l’époque où des pentiums zéro servaient de point d’accès à internet au prix de votre tirelire. Oui j’ai été sur abcoeur , Affection. J’ai connu Hi5, ouvert un compte surFacebook, Badoo, Twoo,… Passé des sessions entières sur tchat.com, drague.net , chat.nostalgie, chat.skyrock. Les filles en quête de “sexpic” ont eu raison de mon optimisme. J’ai appris via google qu’il existait des sites de rencontre spécialement conçus pour les lesbiennes. J’ai appelée en France pour confirmer mon identité sur LpourL en 2007 sans que quelqu’un ne s’intéresse à moi. Grace à Femme rencontre femme, Lesbienne Proximeety, L-Connection et pleins d’autres dont je ne me rappelle plus, j’ai compris que “zone géographique” ne rentrait pas la cible de ces applications. 🙂 Les rares qui l’ont ouvert pour mon pays, j’ai été victime d’arnaques et j’ai échappé de justesse à un lynchage avec un appât dont les formes généreuses et les sms aguicheurs avaient eu raison de ma méfiance habituelle.
Mais j’y ai aussi rencontré des personnes devenues des amies. Elles m’ont amené dans des bars et clubs « branchés », entendez les clubs gays afin que j’y trouve la femme de ma vie. Je n’y ai croisé que sa sœur cadette. Je lui ai dit bonsoir, elle m’a fait un clin d’œil aussi discret que la luminosité ambiante. J’ai tentée une approche, le sifflement d’une bouteille au-dessus de mes cheveux qui a fini sa course sur le comptoir m’a fait comprendre le message : elle n’était pas libre. Comme la plupart dans ces lieux. La perspective d’un contorsionnisme devant aboutir à l’obtention de son numéro de téléphone ne m’enchantait guère. C’étaient trop d’efforts à fournir et une incertitude future. D’ailleurs, l’exiguïté et la moiteur du lieu ne me convenaient guère. Ajouté au fait que je trouvais cela auto-discriminatoire : où étais-ce écrit que mon lieu de distraction devait se restreindre à cet unique bar gay de la ville ? La loi condamne l’acte, pas le sentiment. En outre, je n’avais pas d’écriteau sur le visage non ?
Mes amies se sont secondées par la suite pour me refiler des numéros de téléphone de filles « libres et bien ». Elles étaient effectivement libres mais pas bien à mon goût : trop de kilomètres au compteur sexuel lesbien. Y compris avec mes amies qui me les avaient présentées.
Et puis un jour, à l’occasion d’une mission professionnelle, j’ai rencontré Marisol. Une femme au foyer, la quarantaine sonnée dont la beauté et l’éclat faisaient paraitre 10 de moins. Je suis tombée sous le charme, au diable la différence d’âge et de classe sociale. J’ai rempli ma mission. Sur le chemin du retour, son visage alcalin et sourire angelique n’ont cessé de me hanter. J’ai composé son numéro avant d’entrer chez moi. Elle a reconnu ma voix, a souri, une chaleur singulière a envahi mon corps. Je lui ai demandé si je pouvais garder son numéro. « Bien sur » m’a-t’elle répondu. Le rêve était permis. On s’est revues deux jours plus tard. On a parlé travail d’abord. Elle m’a parlé d’elle ensuite, je l’ai écoutée, religieusement. Après le passage de mes superviseurs, je l’ai aidé à faire le ménage. J’ai profité d’un répit pour lancer l’épisode 9 de la saison 2 de The L Word, à partir de la 16e min et 20es . Lorsque je l’ai senti arriver, j’ai fait mine de chercher des écouteurs que je n’avais pas. Lorsqu’elle a voulu s’approcher de mon écran, j’ai fait mine de le fermer. Elle a insisté pour voir, je l’ai prévenu : tu risques me chasser de ton domicile. Elle m’a dit « Montre moi ». Je lui ai montré. Elle a demandé à en voir plus, je lui ai montré plus. Puis il s’est fait tard. J’ai voulu rentrer chez moi. Elle m’a demandé si je savais masser. Les quelques notions que je maitrisais, je les ai appliqué sur son dos nu jusqu’à la taille, lisse, doux, une invitation à peine voilée à laquelle je me suis refusée à répondre jusqu’à ce qu’elle se retourne, me remercie et me demande de l’embrasser. Le réalisme des Femmes? Un “Must see” sur terre. Pourquoi reporter à demain ce qu’on peut faire maintenant?
Lorsque dans le cadre de la rédaction de ce billet, j’ai demandé à d’autres amies où elles avaient rencontrées leurs partenaires, elles m’ont répondu partout : école, amis, soirées, concerts, boulangerie, randonnées, parcs publics,…Absolument partout. Partout où il est possible de tisser des liens ou de partager des émotions.
je suis donc parvenue à la conclusion qu’il n’existe pas de lieu de drague lesbienne par excellence. Ni de lieu de drague tout court. Gay, lesbienne, bisexuel ou hétéro, la drague c’est en tout temps, en tout lieu et en toute heure.
Mais, puisqu’il faut bien qu’il y ait un mais, la seule différence entre l’hétérosexuel et moi réside dans la précision du « Gaydar ». Mais ca, on en parle dans mon prochain billet.
Miaouuu.
Update : L’acte II de ce billet avec les VRAIES technques de drague existe à cette adresse.
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