Ce billet est un billet invité. L’auteure, Samy, réside est une femme LGBT résidant au #Cameroun . Il fait suite aux récents événements liés à la footballeuse Gaelle Enganamouit. Retrouvez son épisode sur le podcast en dessous.
Terre de contrastes, de tabous et d’interdits ! Ainsi se décrit l’Afrique, un continent où une bonne franche de la population survit sous de lourds masques au nom de la norme sociale. Un continent où jusqu’ici certains sujets ne s’évoquent que sous cape sous peine d’être diabolisée ! Parmi ces sujets sataniques figure en tête de liste l’homosexualité. Cet instrument du diable venu d’ailleurs pour pervertir notre société si vertueuse (LOL) !
Jusqu’ici en secte disparate, ELLES arrivaient à survivre où on scandait à bouche-que-veux-tu le bûcher pour Jézabel, ELLES ont bravé pour beaucoup la haine, le rejet, le délabrement familial pour exister quand ELLES n’avaient pour péché que le fardeau de leur orientation sexuelle.
Oui vous l’avez compris, il s’agit de celles que je nomme des guerrières, des amazones ! ELLES vivent tellement cachées que la lueur du soleil les vampirise. Big up à toutes les lesbiennes d’Afrique qui malgré tout, vivent leur amour ou alors survivent au “qu’en dira-t-on si j’étale la vraie MOI au grand jour?” C’est un fait résultant d’un constat qui a traversé des générations : l’homosexualité est un instrument du diable et ce ne sont pas les évènements récents qui le démentiraient.
Je suis diable parce que j’aime les femmes. Je suis suppôt de satan parce que mon corps, mon cœur et mes sens palpitent pour une femme comme moi. Comment me voir autrement si je n’ai pour modèle que les sextapes de celles qui pourraient être la voix des sans voix, celles qui porteraient haut les couleurs de notre communauté ? celles qui changeraient la vision de notre société sur l’homosexualité ?
COUPABLES ! Nous sommes toutes coupables ! Nous sommes coupables de chosification, nous avons fait passer les considérations humaines en deçà de toute logique. Pour une poignée de graines, nous nous dévêtissons. Pour une poignée de main, nous nous envolons. Les valeurs ne sont plus qu’un ensemble confus appartenant à une époque.
Parmi ces valeurs, il y a :
- LE RESPECT
Le respect est ce sentiment qui porte à accorder à quelqu’un de la considération en raison de la valeur qu’on lui reconnait et se conduire envers lui avec réserve et retenue est la valeur première pour une vie harmonieuse. Avoir du respect pour quelqu’un c’est avoir de la considération pour cette personne, lui dire toujours la vérité, ne pas le trahir (la loyauté, la fidélité)
- L’AMOUR
Ce fort sentiment de vive affection pour quelqu’un. L’amour est l’une des valeurs fondamentales de la société car il nous pousse à assurer le bonheur des autres. L’amour cherche le bien-être de l’autre.
- L’HONNÊTETÉ
C’est une valeur sociale qui génère des actions d’intérêts communs et se reflètent dans la cohérence entre ce qui est pensé et est fait. L’honnêteté favorise un environnement de confiance s’il y a la sincérité pour soi-même et pour les autres.
- LA RESPONSABILITÉ
Assumer les conséquences de ses actions et remplir ses engagements et obligations envers les autres. Telle est la définition la plus simple de la responsabilité. La responsabilité en tant que valeur rend les gens conscients des implications de la portée et des aspects critiques de leurs actions et décisions.
- LA TOLÉRANCE
C’est l’indulgence, la compréhension. C’est l’attitude de quelqu’un qui admet chez les autres des manières de penser, de vivre et d’être différentes des siennes. La tolérance est la mère des valeurs.
- LE PARDON
Qu’on le demande ou qu’on l’accorde, le pardon est le fruit d’un vrai travail sur soi-même dont l’issue reste incertaine. Le pardon c’est absoudre une faute, c’est accepter l’imperfection de l’autre
Ainsi énuméré, cet ensemble de valeurs devrait servir de guide pour la communauté homosexuelle, pour l’humanité toute entière. Qu’on le veuille ou non, nous irons toutes avec les autres jusqu’au sommet de la montagne. L’escalade ne sera pas aisée. Les unes tomberont en chemin, les autres se lasseront de la distance mais les plus téméraires, armées de sciences et de morale atteindront ce fameux sommet. Et pour le faire, nous nous devons de nous poser de vraies questions. Nous devons reconsidérer le sens moral de toute action. Être lesbienne n’est pas une malédiction. Linda Baumann de la Namibie n’est pas une malédiction, la grande actrice étasunienne Jody Foster ne l’est pas, Ellen DeGeneres est une fierté auprès de qui se bouscule tout le gotha culturel mondial et… elle n’est pas une malédiction !
Un modèle de vertu et de réussite ne saurait se résumer aux personnages ayant quelques fois des personnalités mitigées. Le modèle se trouve en chacune de nous et avec un peu de retenue et beaucoup de volonté, le génie intérieur de chacune peut briller et illuminer les pépites qui compose notre communauté.
Ne nous arrêtons pas aux considérations matérielles pour jauger la réussite. #JeSuisLesbienneEtAlors? devrait être notre réponse aux flèches longtemps décochées contre nous. Je suis lesbienne citoyenne responsable qui respecte les lois de mon environnement et me bats avec dignité et pour ma cause. Mais en attendant, je suis coupable de naïveté, je serai toujours coupable tant que en tant que communauté, nous ne comprendrons pas que nous sommes chacune des modèles.
Samy était l’invitée du podcast en Juillet 2021. Écoutez son épisode ci-dessous.
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