Hier, la communauté a perdu un de ses membres. Une sœur. Des suites de maladie. Si le choc de son décès est brutal (personne ne l’avait vu venir), les causes le sont encore plus. Après recoupage, le VIH en serait la cause
Et comme nombre de mes amies qui n’ont jamais pensé à se protéger dans leurs relations, vous vous demandez sûrement comment une lesbienne peut-elle être infectée au cours d’une relation sexuelle avec une autre femme. Hé bien je me permets d’affirmer que non seulement c’est possible, mais que pour la seule année 2014, le sol s’est refermé sur les corps de 4 lesbiennes au Cameroun. Cas recensés par l’une de mes associations partenaires.
Je vous le disais dans l’un de mes premiers billets, être gay en Afrique n’est pas de tout repos. Nombreuses sont celles (Yossi/Koudje en majorité) qui vont mener une double vie, pour tenter d’endiguer le flot de malédictions et éloigner les soupçons. Elles vont avoir un mec qui va assurer la couverture (souvent contre récompense en nature) dans l’ignorance totale des mesures de protection à prendre. Lorsque la chance vous abandonne, les IST et le VIH vous ouvrent leurs portes. Elles feront un test au cours d’une campagne de dépistage, seront au courant de leur statut mais 90 % préféreront le déni, voire l’accusation envers l’association pour contamination par aiguille. Elles continueront à mener leur vie (et relations sexuelles) jusqu’au jour apparaîtront les premiers signes de complication liés à l’infection. Le VIH étant encore considéré par plusieurs comme une invention, l’automédication, le guérisseur du village seront privilégiés au détriment des ARV qui à défaut de soigner entretiennent l’espoir d’un possible futur.
Aux obsèques, on dira courte maladie sans savoir qu’elle aura été bien plus longue. Vu que la défunte ne se plaignait sporadiquement que de typhoïde ou de gastro. La partenaire ne songera pas un seul instant à se faire dépister et le cycle de contamination ira grandissant.
Juste à titre de rappel, dans ce contexte précis, le VIH/IST se transmet par voie sanguine (transfusion, partages de seringues, règles…), lors des rapports sexuels non protégés (pénétration et sécrétions comprises) avec une personne infectée.
Vu que la majorité des lesbiennes s’est retrouvée/se retrouvera au moins dans une situation à risque, je vous propose ces méthodes qui marchent toujours pour moi.
1. Le statut sérologique
Se faire dépister tous les trois à six mois. Hétéro ou homo, connaître son statut sérologique pour une prise en charge précoce est le meilleur moyen de ralentir la multiplication du virus dans votre organisme. Le test et la prise en charge sont gratuits dans les centres de santé LGBT.
2. Les rapports sexuels
– Éviter de se brosser les dents 2-3 h avant ET après tout mélange de fluides. La brosse à dents laisse des micro-lésions dans la bouche, excellente porte d’entrée pour les virus.
– Utiliser systématiquement un préservatif, surtout lors des coups d’un soir. Les liquides sécrétés par les organes génitaux (liquide préséminal/sécrétions vaginales) contiennent le virus. Enfiler également un préservatif avant toute pénétration digitale (anale ou vaginale). Si vous n’en avez pas, achetez des gants en latex. Ils feront l’affaire.
– Utiliser une digue dentaire/carré de latex pour toute pratique sexuelle buccogénitale féminine. En cas d’absence/rareté, découper un préservatif masculin/féminin avec des ciseaux en forme de carré et le déposer sur la vulve.
– Éviter TOUT échange de jouets sexuels (godemichés et compagnie) avec ses amis et surtout, les protéger avant toute utilisation.
– Utiliser un lubrifiant à base d’eau ou de silicone pour éviter irritations et lésions sur les parties génitales lors des pénétrations.
3. Le quotidien
Fréquentez régulièrement les associations LGBT ou des centres de santé. Ils tiennent habituellement des causeries éducatives sur la santé sexuelle.
Faites votre checking au moins une fois l’an à défaut des six mois. Cela vous épargnera des surprises désagréables.
Pour approfondir votre lecture, je vous propose la brochure “Tomber la culotte” du Kiosque Infos Sida et Sida Info Service. Elle vous donne les connaissances minimales sur les femmes qui ont des relations sexuelles avec des femmes (FSF). Le rapport de Qayn “Au-delà des apparences” expose les besoins en santé sexuelle des FSF en Afrique subsaharienne francophone.
Cet article sur les risques de transmission du VIH chez les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes et cet autre retrouvé chez Yagg ne seront pas de trop.
Miaouuu!
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