Hello, hello,
Bienvenue pour cette revue dominicale de la saison deux de Gentleman Jack disponible depuis le 10 Avril 2022 sur BBC iPlayer. Au menu, l’épisode deux intitulé “Two jacks don’t last”. Comprenez “deux butchs ne dure pas”.
La structure de ce récapitulatif demeure la même: les grandes lignes de l’épisode divisées en segment tous relatifs à Anne Lister, mes plus, mes moins et enfin mes prédictions/souhaits pour les épisodes à venir. À cela j’ai rajouté les leçons du passé car, si on ne peut réécrire l’histoire, on peut s’en inspirer pour le futur. Sans plus tarder, let’s go.
Récapitulatif
Dans le couple.
Une fois n’est pas coutume, on va commencer avec le couple puisque l’épisode s’ouvre sur AL et AW à paris. À table. Entrain de déjeuner. Paris, arrêt majeur de ce que je considère comme étant leur lune de miel qui a duré un mois et durant lequel elles ont visité plusieurs pays européens: Angleterre, Suisse, Italie et France (Paris, Saint-Étienne). Paris où AL aurait également acquis ses “lettres de noblesse” lesbienne et où on fait la rencontre de Tib, une des premières amantes d’AL. – Plus de développement plus bas.
Après la lune de miel, elles font les dernières démarches pour l’aménagement d’AW à Shibden Hall: visite de la belle-famille pour les tenir informés de leur plans et inventaire des biens à emporter de Crow Nest. C’est durant cet inventaire qu’un de leur moment intime est surpris à leur insu par les enfants Washington. Celà n’augure rien de bon.
Et puis AL introduit un peu plus AW dans son jardin secret. Notamment ses échanges avec ML qui demande à séjourner comme elle avait coutume de le faire entre deux destinations.
Ann
There is more to her than meets the eyes
Anne Lister à Tib Norcliffe
Rayonnante, jalouse, taquine, possessive, confiante, indépendante, intrépide, … Les qualificatifs sont infinis. Auprès d’AL, AW nous illumine de ses rayons de bonheur certes mais deux petits nuages gris promettent d’assombrir son ciel. En tête de file, le passé de sa partenaire. Elle découvre dans cet épisode que sa compagne lui a menti via les ragots de ses “amies”: il y aurait eu au moins une autre avant elle ainsi que les petits noms que lui donnaient ses ex dont le fameux Freddy/Fred de Mariana.
Suivi de près par sa famille qui la traite d’ingrate alors qu’ils l’ont ignorée depuis le décès de son frère, quatre ans auparavant. Mais elle est déterminée à ne pas se laisser marcher sur les pattes. Elle est d’ailleurs à l’initiative de la visite à sa tante, pour apaiser les tensions. Et si les paroles blessantes de sa tante à la suite de cette visite effritent cette joie de vivre retrouvée, elle retrouve réconfort dans les bras de son épouse.
N’eut été le regard de sa famille et les réalités du dix-neuvième siècle l’ayant interné dans un asile après le décès d’AL, Ann Walker aurait été la lesbienne féminine de référence du 19e siècle.
Dans la famille
On assiste au deuxième repas en famille chez les Lister durant lequel notre couple raconte leur aventures et notamment comment AL aurait passé des mouchoirs destinés à AW en contrebande à la douane de l’un de leurs arrêts.
Marian (la cadette d’AL) prend peut-être (enfin?) conscience de la nature des relations de sa soeur avec toutes ces femmes. Elle rapporte les remarques désobligeantes de la belle-famille à leur tante. Son ainée serait “anormale”. Elle aurait une réputation a York qui sera bientôt rendue publique à Halifax…Le monologue de la tante Anne en réponse à l’inquiétude de Marian est celui que chaque être humain LGBT mérite d’entendre au moins une fois dans sa vie.
Du côté des domestiques, Mr Washington s’est installé à Crow Nest, l’ancien domicile d’AW, avec sa famille. Comme suggéré par AL à AW. C’est d’ailleurs un de ses enfants qui est témoin des baisers échangés entre AW et AL.
Si Mr Washington commence à douter du départ réel de Sam, l’ancien locataire, pour les Etats-Unis, son frère Ben lui a la certitude du décès de son frère et ses soupçons se tournent vers Thomas, fils du défunt et auteur du meurtre.
Dans la belle-famille.
Les meetings se poursuivent entre les Rawsons, Edwards et Priestly. Ça vole très bas dans le dos de nos deux tourterelles. À AW ils reprochent l’ingratitude, maintenant qu’elle va mieux (sans leur quelconque apport faut-il souligner), elle devrait s’occuper selon eux, de sa tante. Au point où les cousins Priestley en sont à regretter que la tentative de suicide d’AW n’ait pas été réussie.
À AL, ils reproche, well, d’être Anne Lister, lesbienne et fière sans pour autant le crier sur les toits. L’une des épouses Rawson exprime le dégoût qu’elle aurait à s’assoir sur un siège précédemment occupé par AL. No comment.
Et pour “sauver” leur cousine de ses griffes, ils decident de commun accord de l’envoyer en mariage. Le choix est porté sur un certain James Ingham de Blake Hall à Murfield.
La tante Ann quant à elle reçoit la visite de Marian d’abord puis du couple. Elle fait subir un chantage émotionnel à AW. L’amenant à se sentir coupable de l’avoir abandonné pourtant c’est plutôt l’inverse.
Elizabeth, la soeur d’AW, reçoit finalement la lettre de sa cadette. Et si elle surprise de n’avoir pas agi plus tôt pour la séparation de leur domaines, son mari n’est pas de cet avis et lui conseille d’attendre. Que caches-tu Captain Sunderland?
Les conquêtes, les amantes
Tib a fait une entrée remarquée et remarquable à Paris. Bruyante et très indiscrète, Tib nous ouvre une fenêtre sur le passé sulfureux d’AL Notamment chez les Belcombe. La famille de Mariana Lawton. On comprend pourquoi elles ne pouvaient pas être ensemble.
Mariana justement qui ne lâche pas l’affaire. Ses lettres avec AL servent de fond sonore à pas mal d’actions du couple dans cet épisode. Déterminée, elle emploie toutes les cordes à son arc pour récupérer sa désormais ex-épouse. Chantage affectif, manipulation émotionnelle, dépression, omission d’information… Bref, la fin de leur histoire est imminente. Et c’est d’ailleurs avec la dernière tentative de manipulation de ML que s’achève l’épisode et ce récapitulatif. Place à mon analyse.
J’ai aimé
La subtile mais importante introduction officielle d’AW par AL à sa famille.
Dans la lettre qu’elle écrit à sa tante – Ta nouvelle nièce et moi – au quotidien, à table, Adney and I, Adney, Adney… Le nous. Pour signifier qu’elles sont ensemble et prennent les décisions ensemble. C’est ce qui se rapproche le plus d’une introduction formelle pour un couple lesbien sans forcément heurter les sensibilités vu qu’on ne peut pas passer par la grande porte. Généralement, les gens s’y font même s’ils ne peuvent nommer ou définir ce qui se passe entre vous deux.
La représentation d’AW
Sally Wainwright a su capturer avec beaucoup de justesse le questionnement par lequel on passe lorsqu’on s’engage dans une relation homosexuelle et Sophie Rundle l’a interprété avec brio. Qui sont ces autres femmes dont les noms ne cessent de circuler? Quelle est la nature de vos relations? S’il savent pour toi et me voient avec toi, cela veut dire qu’ils savent pour moi? Ma famille va-t’elle me déshériter ou me faire interner parce que je suis avec toi?
J’ai également aimé sa maturité lorsque la visite de Mariana s’est posée. Elle se rend compte que ML tient une place spéciale dans la vie de son épouse et si elle ne cerne pas forcement tous les contours de cette relation, elle privilégie le bien-être de son épouse.
Et je me sens presque coupable de vouloir le triangle amoureux.
Le discours de la tante Anne
You’ve no idea how many tears I’ve shed over Anne over the years. It’s not because I’m ashamed of her, not once, not for a moment, but because I love her. I can never stand the thought of anything being said about her. And when I hear things like that, I think, ‘shame on them.’ Shame on anyone who says it or thinks or listens to it. These people––if any of these people had a fraction of her talent for happiness, for friendship, her passion for life, people, the world, and everything in it, then they’d have something to talk about. But they don’t. Most people are mundane, narrow. And Anne, she’s got too much about her for this world. I’ve known it since she was eleven. They can’t put her into a neat little box because that makes her seem different. They say hateful things and try to belittle her. It used to upset her when she was younger, but now she’s strong and clever, and they can’t touch her. What harm does she do? You look at Miss Walker’s face. Could she be any happier?
La tante d’Anne Lister
J’ai peur que la profondeur de ce discours ne perde de sa substance dans la traduction.
J’ai moins aimé
Certaines décisions créatives: le plan sur fond vert dans les alpes, la porcherie,…
Je pense même avoir décelé à un moment la doublure de Sophie Rundle (AW). Mais en me documentant et en apprenant les conditions difficiles dans lesquelles cette deuxième saison a été tournée, je leur en veut beaucoup moins qu’hier soir. Suranne jonglait avec le décès de son père des suites de Covid, Sophie était enceinte, la scénariste Sally Wainwright elle même pas dispo et les aléas de la météo,… Excuses acceptées.
Par contre, quelle est l’importance du décès de Ben ou whatever son nom est dans le thème central de la série? Quel est son impact et celle de la porcherie dans la suite des événements?
Parce que s’ils ne sont la que pour meubler le vide, il y avait bien mieux à montrer. La lune de miel par exemple?
Le manque d’intimité.
Autant dans la première saison on avait des plans rapprochés qui nous faisaient entrer dans leur intimité, autant dans cette saison je ressens comme une forme de distance. Je prends par exemple la lune de miel dans sa durée. Je veux croire que durant leur lune de miel, tout n’était pas que déjeuner, expédition et qu’elles ont quand même eu des moments d’intimité.
Il ne s’agit pas forcément de s’envoyer en l’air. Mais de durée dans les scènes du couple. Par exemple lorsqu’elles sont au coin du feu dans le chalet en France. Ou dans la chambre évoquant les plans du lendemain. C’est trop court. Ou survolé. Ou transactionnel. Ou vide émotionnellement. Je ne sais pas mais il manque ce je-ne-sais-quoi qui a rendu la première saison magique.
Leçons du passé.
I do wish you’d tell me things, Anne. Otherwise, I just look foolish.
Ann Walker
AW fait référence ici au fait qu’elle ait appris l’existence de Mariana et sa relation avec AL de la bouche de tierces personnes et n’on d’AL. Je ne peux pas juger les relations du passé avec ma loupe d’aujourd’hui. Mais je peux partager les leçons que mon expérience m’a apprise.
- Achevons une relation avant d’entamer une autre. Dans tous les sens du terme. Je m’adresse ici aux monogames. Je pense personnellement que si AL avait effectué le fameux voyage de Noël 1835 AVANT de s’engager avec AW, les tentations de ML n’auraient pas eu le même effet.
- Parlons de nos ex à nos partenaires actuelles. Alors, je ne demande pas de tout dévoiler mais je pense qu’il faut évoquer les relations qui ont compté, une fois que l’on fréquente quelqu’un de manière assidue et qu’on se projette dans un quelconque futur. Surtout qu’avec le confinement de notre communauté, il y a de fortes chances que la vérité se sache tôt ou tard.
- N’imposons pas nos ex à nos compagnes actuelles. Si elles sont ex, que leurs requêtes personnelles demeurent dans le passé. J’ai trouvé AL très égoïste demander à AW la permission pour que ML séjourne chez eux. Surtout en raison du contexte. C’est ton ex. Elle n’est même pas au courant que tu t’es “mariée” et tu vas imposer la résolution de ce conflit à ta compagne? NOPE!!!!!
- Ne forcez pas les camaraderies entre vos ami.e.s et votre partenaire. Encore moins au début. Pas besoin de mettre une pression inutile pour un truc dont tu n’es même pas certaine franchira les six mois. Si votre partenaire et vos ami.e.s sont amenées à être amis, ils le seront. Si non, savourez votre phase dite “lune de miel”.
Je comprends que certaines personnes aient besoin de l’avis de leurs pairs sur leur partenaire pour confirmer leur choix mais quel que soit mon avis, je ne vis pas la relation. Mon regard restera un regard externe qui n’est presque jamais neutre. Parce que expériences personnelles, jalousie, comparaison inutile,… parce que humain tout simplement. Et quel que soit votre engagement affectif, le regard des pairs, que l’on le veuille ou pas, influence nos actions. Donc sachons préserver notre bien-être.
Mes attentes pour les prochains épisodes
Intimacy… please?
Ce n’est pas trop demandé non? À condition de ne pas confondre intimité et relations sexuelles. Pour un couple marié, disposant d’une chambre à coucher où elles ne risquent pas être surprises, pourraient-elles être plus tendres pendant longtemps sur nos écrans please? Parce que la politique, les meurtres, les votes, les mines de charbon… c’est secondaire dans mon échelle de priorité.
En résumé, j’ai beaucoup aime cet épisode de Gentleman Jack. Il a abordé avec beaucoup d’authenticité les réalités du lesbianisme il y a deux cent ans. Réalités pas très différente de nos jours. On rentre également dans le quotidien du couple avec ses hauts et ses bas et cette dynamique m’intéresse énormément. Vu qu’elles n’ont pas eu le temps de se faire la cour pour jauger la compatibilité des humeurs.
Les trapes sont posées. Que les proies viennent s’y jeter. Par ordre, Thomas, la tante Ann, les enfants Washington, Mariana Lawton et puis tout Halifax et York tant qu’on y est. Vu que seule la tante Anne et les Ann.e.s veulent se voir ensemble.
A dimanche pour la chute du premier château de sable.
Miaouuu!!!
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