Ces homophobes qui profitent des homosexuels 

Le fils d’une ex m’a appelé il y a deux jours. Son précédent avocat lui ayant fait faux bond, il a besoin d’un autre pour l’accompagner à son rendez-vous à l’immigration. 

Il est arrivé par la route il y a à peu près un an. Avec les frontières poreuses et le climat dans le pays d’origine de son père, il a obtenu un droit d’entrée temporaire avec obligation de se présenter à l’immigration dans deux mois.

À son arrivée, sa mère s’est rappelée au bon souvenir de nos ébats et m’a demandé de l’aider du mieux que je pouvais. Je n’ai rien promis, si ce n’est écouter. 

De ce que j’avais retenu de cette discussion, il hésitait entre le conflit religieux (islam et christianisme) et l’homosexualité comme base de sa demande d’asile. La seule idée d’associer son image à cette abomination cependant lui donnait des cauchemars et il comptait fortement sur l’échec d’un certain candidat pour éviter d’en arriver là.

Malheureusement pour lui, l’opposant pour lequel il disait avoir fait la prison a été élu président. Et c’est fort de ce résultat qu’il m’a appelé pour me demander de l’aide. Il demandera l’asile en tant qu’homme gay. 

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Lorsque quelqu’un me demande généralement de l’aide, je réagis si possible et je passe à autre chose, sans rien attendre en retour. Donc lorsqu’il me demande si je connais un avocat trente secondes dans l’appel, je ne réfléchis pas. J’active le moteur de recherche et lui envoie vite fait un ou deux liens avec les listes d’avocats spécialisés en immigration dans sa ville. Cependant, lorsqu’il commence à exprimer son ressenti quand au motif choisi, I am like… wait a minute. Tu nous déteste autant mais tu veux profiter des protections qui nous sont accordées initialement à cause des gens comme toi? 

Durant le laps de temps qu’a durée la conversation, j’ai livré un combat que je ne souhaite plus jamais mener. Entre l’envie de raccrocher au nez et celle de lui dire petit, l’une des homosexuelles que tu détestes est entrain de t’aider et ta maman s’est donnée en spectacle à cause d’elle. But it’s not my story to tell. 

À la place, je me suis arrêtée à liste d’avocat et n’ai inclus ni les adresses des centres LGBT, ni les avocats pro bono qui pouvaient l’aider. Quelles que soient mes relations actuelles avec la communauté, elle ne mérite pas d’être exposée à tant de haine gratuite.

Ce jeune homme n’est pas le premier et ne ne sera certainement pas le dernier homophobe à profiter des protections dédiées aux homosexuels pour obtenir un statut légal dans un pays.

Il y a douze ans, j’avais des yeux sur une go. On s’était rencontrées via mon défunt mentor et il m’avait dit c’était quelqu’un de cool. On échangeait de manière régulière mais elle tournait toujours autour du pot lorsque j’abordais le flou de notre “connexion”. 

Il y a sept ou huit ans, sa situation s’est compliquée et elle s’est retrouvée en situation irrégulière entre la France et la Belgique. Comme par hasard, elle s’est souvenue de nos conversations et m’a demandé si je pouvais l’aider pour sa procédure, en couchant sur papier tout ce que je nous imaginais faire elle et moi.

Six mois et un asile plus tard, elle a disparu de la circulation. Numéros changés, Facebook bloqué, Instagram désabonné. On ne se parle désormais plus que par l’intermédiaire d’un ami commun.  Aux dernières nouvelles, elle est mariée et mère d’enfants et aurait tourné le dos à “cette vie”. 

J’en ris aujourd’hui mais à l’époque, je n’avais rien compris au film. Le rejet, on s’en fout mais prend au moins la peine de dire “merci, au revoir”? 

Et lorsque ce cadet se présente à moi avec la même scénario, I am like… Why? Si vous détestez autant les homosexuels, pourquoi tirez-vous profit de nos protections? Vous inondez les listes au point où les vrais sont pris pour des faux. 

Et malgré le fait que je sois partisane de paix, je comprends mieux les influenceurs des internets qui menacent de dénoncer tout dossier frauduleux en Europe. Ou les bureaux d’immigration qui demandent des preuves souvent déshumanisantes aux demandeurs d’asile car, pour en avoir vu plusieurs abuser du système, il faut trouver le moyen de stopper l’hémorragie. 

J’ai certainement pensé à faire de même. Mais ce n’est pas mon combat. Si la justice fait son travail, elle trouvera les incohérences de son récit, la bile durant son interview. Et si un jour la question venait à m’être posée par les autorités compétentes, je ne mentirai certainement pas pour protéger quelqu’un qui a une sainte horreur de mon existence. Mon seul regret c’est qu’il engobent tout ce qu’on leur balance à l’immigration, surtout en ces temps de protection maximale des minorités car le dégoût profond qu’il éprouve pour les LGBT ne peut pas être simulé.

Après notre conversation, j’ai appelé sa mère. J’étais trop choquée pour garder cela pour moi. Je lui ai expliqué la situation et je lui ai dit, dorénavant, ce sera difficile pour moi d’aider son fils.

Je dois l’avouer, j’ai été surprise par sa réaction. Enfin, pas totalement. 

Au début elle a essayé de m’a demandé de comprendre le jeunot (bientôt trente ans quand même). I am like, Nope! S’il peut partir de l’Afrique pour l’Amérique en passant par la route et tous les dangers qu’on connait, il en sait suffisamment pour ne pas propager la haine. À moins bien sur qu’il n’ait reçu des propositions dans ce sens auquel cas je dirais, non merci, je ne mange pas de ce pain et basta.

Puis elle m’a dit je pourrais peut-être lui demander de mesurer ses propos vu qu’il ne sait jamais qui est face à lui. Auquel je lui ai répondu, je préfère un homophobe qui l’assume et ne veut rien avoir à faire avec moi qu’un hypocrite qui profite de moi.

S’il nous déteste tant que ça, pourquoi vouloir associer son nom à vie à la communauté lorsqu’il pourrait par exemple s’offrir un mariage blanc avec tous les attributs dont il dispose? Un peu de bienveillance, de tolérance c’est trop demander?

Bref, à la fin, elle a dit qu’elle lui parlerait.

Qu’elle le fasse ou pas, j’espère qu’il fera bon usage de la liste d’avocats reçue. C’est le maximum que je puisse faire en hommage à sa mère. Et s’il n’obtient pas l’asile sur la base de sa prétendue homosexualité, bah, je n’en perdrai pas le sommeil. I Wish everyone well. Not just on top of my community when you hate her so much.

Quant au système, l’une des solutions serait probablement une recommandation/lettre venant soit d’une association LGBT soit d’un militant reconnu du milieu en plus des “preuves” fournies. Car quelle que soit la profondeur de ton placard, le téléphone gay est une réalité et si tu fais vraiment partie de la communauté, tu n’auras aucun souci à obtenir cette recommandation. 

Anyway, j’avais besoin d’évacuer.

Until next time…Miaouuu!


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